JEUNESSE CANADA AU TRAVAIL ET LES ÉTUDES MUSÉALES

Louise Pitre

Du point de vue du programme Jeunesse Canada au travail, il n’y a pas d’exigences spécifiques concernant l’expérience éducative des participants. Des exigences spécifiques peuvent cependant être établies par les employeurs et sont communiquées au moyen des avis d’emploi affichés sur le tableau d’offres d’emploi de JCT. Ces exigences varieront selon le poste et les besoins de l’organisation.

Jeunesse Canada au travail établit les exigences d’admissibilité générales en fonction des attentes relativement aux études des participants. Pour le volet Jeunesse Canada au travail dans les établissements du patrimoine, la seule exigence est que les participants soient actuellement inscrits dans un programme d’études secondaires ou postsecondaires. Par ailleurs, le volet stage de Jeunesse Canada au travail pour une carrière vouée au patrimoine exige des participants qu’ils soient diplômés d’un programme postsecondaire. Les programmes complétés peuvent inclure un diplôme, un certificat, un baccalauréat ou un diplôme d’études supérieures.

Les agents du programme Jeunesse Canada au travail ont accès aux données du programme provenant de demandes de financement et de rapports définitifs sur des avis d’emploi. Étant donné le rôle important que joue le programme dans la création de postes de premier échelon dans les musées à l’échelle nationale, nous avons jugé utile d’analyser cette information comme moyen de mieux connaître les tendances de l’embauche dans des postes de premier échelon dans le secteur muséal. Nous avons analysé plus bas des données sur des avis d’emploi provenant des deux volets de programmes offerts par l’AMC, pour déterminer les tendances en matière d’aptitudes et d’études dans les postes de courte durée de premier échelon et les stages au sein du secteur muséal du Canada.

Environ 10 % des avis d’emploi de Jeunesse Canada au travail dans les établissements du patrimoine ont été examinés pour déterminer quels niveaux d’instruction étaient recherchés par les employeurs. JCT-ÉP offre aux employeurs la possibilité d’embaucher un jeune pour un emploi de courte durée de 6 à 16 semaines. Bien que le volet JCT-ÉP s’adresse tant aux étudiants du secondaire qu’aux étudiants de niveau postsecondaire, la majorité (60 %) des avis d’emploi spécifient une préférence dans un domaine particulier des études universitaires, de la première année aux études du niveau de la maîtrise. Les autres 40 % ne font mention d’aucune exigence en matière d’études.

Beaucoup d’employeurs fournissent une courte liste de programmes d’études privilégiés, mais 30 % des avis d’emploi examinés donnent à penser qu’ils étaient ouverts à l’embauche d’étudiants d’ « autres programmes pertinents ». En outre, certains avis d’emploi indiquaient qu’une « expérience pertinente » pouvait se substituer aux études. Plus intéressant encore, un tout petit pourcentage (0,008 %) d’employeurs tenaient à ce que les candidats soient actuellement inscrits dans un programme d’études muséales. Seulement 39 % des avis d’emploi incluaient les études muséales parmi les autres programmes d’étude souhaités.

Outre les cinq domaines d’études les plus demandés, 22 ont été également mentionnés comme étant pertinents, dont les Études autochtones, le Théâtre, l’Histoire publique, l’Éducation et les Beaux-Arts.

Les 5 principaux programmes d’étude requis par les employeurs de Jeunesse Canada au travail dans les établissements du patrimoine pour 2023-2024

Alors que l’expérience dans les programmes d’Histoire et d’Études muséales semble très recherchée, les employeurs s’intéressent à divers ensembles de compétences et tendent à ne pas être prescriptifs en ce qui a trait aux antécédents scolaires de leurs employés, laissant de multiples options aux candidats.

Nous avons également analysé les avis d’emploi pour Jeunesse Canada au travail pour une carrière vouée au patrimoine, le plus long des deux volets de JCT administrés par l’AMC. JCT-CVP offre des possibilités d’emploi de 4 à 12 mois à des étudiants de niveau postsecondaire. Parmi les 217 avis d’emploi préparés par des employeurs de Jeunesse Canada au travail pour une carrière vouée au patrimoine en 2023-2024, plus de 49 cours différents ont été considérés comme souhaitables pour les candidats. Trente-quatre avis d’emploi, soit 16 % de l’ensemble des postes, ne mentionnaient pas d’exigences académiques spécifiques pour les éventuels candidats. La majorité des employeurs (53 %) qui ont fourni une liste de programmes scolaires privilégiés se disaient ouverts à tout autre cours pertinent. Sur le nombre total d’avis d’emploi, seulement 7, soit 3 %, exigeaient des candidats qu’ils aient suivi un programme d’études muséales, alors que 62 % considéraient les Études muséales comme un cours suggéré. Comme dans le cas des avis d’emploi pour le volet Établissements du patrimoine, un pourcentage élevé, soit 42 %, des avis d’emploi indiquait que les employeurs étaient prêts à accepter d’autres domaines d’études connexes.

Bien que pour une majorité d’employeurs les études muséales soient pertinentes, elles ne sont certainement pas considérées comme obligatoires. Les compétences et les connaissances acquises dans d’autres programmes sont également prisées, dans le cadre du travail muséal en général. Les «  études muséales » peuvent s’enrichir de programmes d’études et les compléter, et sont souvent suivies par des candidats de JCT- CVP en tant que diplôme d’études supérieures ou comme diplôme complétant leur premier diplôme. Certains employeurs exigent également que les stagiaires aient pris des cours en « Gestion des arts » ou « Gestion des musées », qui pourraient être considérés comme des études muséales, tout comme l’Histoire, l’Anthropologie et d’autres programmes dont le contenu est pertinent pour le travail des professionnels des musées.

Les cinq principaux programmes d’études  requis par les employeurs  de Jeunesse Canada au travail pour une carrière vouée au patrimoine pour 2023-2024

Expérience réelle des stagiaires

Tel que déjà mentionné, ceux qui sont admissibles à un stage de JCT-CVP doivent avoir obtenu un certificat, un diplôme ou un grade d’un établissement postsecondaire reconnu. Nous avons examiné ce que les employeurs de JCT-CVP recherchaient en termes de niveau scolaire, quelle formation les stagiaires de niveau postsecondaire avaient-ils suivie cette année?

Les stagiaires de JCT-CVP de cette année ont suivi un total de 327 programmes postsecondaires. Parmi ceux-ci, 263 mènent à des baccalauréats, des certificats ou des diplômes, 62 à une maîtrise et 2 à des doctorats (les deux en histoire de l’art).

Les cinq domaines les plus populaires auprès des stagiaires de JCT-CVP de cette année

Les 44 domaines qui comprennent des disciplines comme la bibliothéconomie, les études autochtones, les archives, les sciences et les communications représentent 41% de l’ensemble des programmes complétés.

L’histoire et les études muséales sont les programmes les plus exigés par les employeurs pour les deux volets de JCT, et également les principaux programmes universitaires complétés par les stagiaires de JCT-CVP cette année, mais il est évident qu’il existe un écart important entre les étudiants qui ont suivi un programme d’études muséales en histoire et le nombre de postes qui l’exigent. Ceci témoigne de souplesse de la part des employeurs des musées, mais est-ce que cela pourrait suggérer quelque chose d’autre? De plus, il serait intéressant d’analyser plus en détail les programmes d’études muséales afin de déterminer s’ils recoupent d’autres domaines (par exemple le tourisme) tel que requis par les employeurs ci-dessus.

Les employeurs du secteur patrimonial de Jeunesse Canada au travail recherchent des compétences très diverses, qui varient en fonction de l’établissement qui embauche et du type de postes offerts. Même si les études muséales sont toujours très prisées dans le secteur, elles ne semblent pas être nécessaires pour être embauché dans le volet patrimoine de JCT. Les étudiants inscrits à un tel programme pourraient être considérés comme des candidats plus intéressants, particulièrement s’ils postulent à des emplois qui exigent des compétences muséales. Les cours d’études muséales, y compris la formation pour acquérir des compétences en conservation spécifiques, peuvent être suivis pendant ou après un emploi de JCT et, bien qu’ils soient utiles, ils ne sont pas obligatoires pour participer au programme. L’un des principaux avantages de Jeunesse Canada au travail est que le programme aide les jeunes à acquérir une expérience de travail dans le secteur du patrimoine exigée par de nombreux employeurs. L’organisme peut également encourager ceux qui ne pensaient peut-être pas avoir ce qu’il faut pour être potentiellement employés dans un musée, et ceux dont la formation universitaire n’est pas directement liée au patrimoine public, à réaliser qu’ils peuvent potentiellement être employés dans un musée et à chercher à acquérir une formation supplémentaire dans des programmes d’études muséales.

Louise Pitre est agente de programme pour Jeunesse Canada au travail pour une carrière vouée au patrimoine et agente de liaison des communications JCT avec l’Association des musées canadiens.

Le volet patrimoine de Jeunesse Canada au travail offre aux employeurs du financement pour créer des emplois pour les étudiants et des stages pour les diplômés. Ces programmes aident les jeunes à acquérir des compétences dans les domaines du patrimoine, des arts et de la culture.

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