Message de La directrice générale

Janis Kahentóktha Monture

Janis Monture dans son stage de trois mois au Woodland Cultural Centre.

Janis Monture dans son stage de trois mois au Woodland Cultural Centre.

Cela fait 20 ans que j’ai obtenu mon diplôme d’études muséales appliquées au Collège Algonquin. Lorsque je réfléchissais à la carrière que je voulais choisir après l’université, je me rappelais les bons souvenirs que j’avais de mes emplois d’été au Woodland Cultural Centre des Six Nations of the Grand River. J’ai adoré faire des visites guidées du musée et travailler dans les archives de la bibliothèque, et d’effectuer des recherches. En feuilletant le catalogue des cours offerts par le collège, je me disais Génial! je peux entreprendre des études muséales et faire une carrière dans ce domaine?

Je me souviens à quel point j’étais excitée lors de mon premier jour de cours de commencer ce nouveau chapitre de mon apprentissage. L’une de nos premières tâches a été de visiter les musées de la région d’Ottawa. Cela semblait devoir être une des meilleures tâches qu’on m’ait jamais confiées! Toutefois cette exaltation s’est transformée en déception lors de cette sortie pédagogique. Je me souviens d’être entrée dans un musée et de n’avoir vu aucune mention des gens sur le territoire traditionnel desquels nous nous trouvions. En parcourant les expositions sur la période antérieure aux contacts avec les Européens, j’ai remarqué que c’était là que s’arrêtaient les histoires de mon peuple autochtone. Il était très peu fait mention des contributions des Autochtones au Canada après ces contacts, et aucune des Premières Nations n’était répertoriée dans sa langue autochtone.

Cette visite et cette tâche ont été le point déterminant du reste de mon parcours en études muséales. J’ai insisté à maintes reprises dans plusieurs de mes cours sur le fait que mon peuple (les Kanien’kehà:ka – Mohawks) n’était pas une civilisation conservée dans des vitrines de verre. J’ai constamment remis en question la façon dont les Autochtones et leurs biens culturels sont représentés dans les musées. Seule étudiante autochtone de ma cohorte, il m’était parfois pénible d’écouter décrire les techniques occidentales utilisées pour la conservation et la gestion des collections, qui ont fait tellement de tort aux communautés autochtones.

Pour mon travail de fin d’études, j’ai encore davantage repoussé les limites de mon programme d’études muséales en informant mes professeurs que j’allais effectuer un stage de trois mois au Woodland Cultural Centre, au cours duquel je rédigerais une politique sur le sacré et les cérémonies pour une collection autochtone. Lors de ma présentation du projet, les trois professeurs ont tous considéré que c’était un travail beaucoup trop ambitieux, et m’ont suggéré que je devrais peut-être plutôt que me consacrer à un autre sujet. J’ai bien évidemment refusé et entrepris de prouver à mes conseillers qu’ils avaient tort. Dans ma recherche finale, j’ai indiqué que je ne pouvais pas inclure toutes mes recherches initiales, car j’avais consulté des détenteurs de savoir autochtones dont les informations ne pouvaient être partagées avec des personnes non autochtones – ce sur quoi je pensais qu’ils ne seraient pas d’accord. Néanmoins, mes conseillers ont compris, et au final on m’a attribué une note presque parfaite pour la politique sur le sacré et les cérémonies.

En repensant à mes cours d’études muséales, je me rends compte que j’ai beaucoup appris et que le travail effectué pour le cours m’a donné les bases dont j’avais besoin pour ma carrière. Toutefois, si je n’avais pas insisté pour qu’il y ait plus de méthodologie ou d’inclusion autochtone, j’aurais malheureusement manqué des occasions extraordinaires. Il est important que le programme d’études muséales entreprenne également une révision des cours offerts, pour qu’ils respectent la DNUDPA et le droit à l’autodétermination des Autochtones pour les générations futures de travailleurs des musées.

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