SOUS LES PROJECTEURS

Québec met fin au projet d’Espaces bleus

Vol de la lanterne du Nouvel An lunaire d’un artiste autochtone à l’extérieur de la Vancouver Art Gallery

Journée internationale des musées 2024 : Les musées pour l’éducation et la recherche

Questions sur la préservation et l’importance d’une épave au large Terre-Neuve

Le Musée du Manitoba sonne l’alarme à propos du manque d’espace d’entreposage

Des musées américains ferment des expositions présentant des biens et des vestiges autochtones

Québec met fin au projet d’Espaces bleus

En juin 2021, le premier ministre du Québec, François Legault, a lancé l’initiative Espaces bleus, qui proposait d’établir des musées nationaux dans chacune des 17 grandes régions du Québec. Le réseau proposé devait être géré par le Musée de la civilisation, qui avait aussi le mandat de concevoir et de mettre en œuvre les expositions permanentes. Doté d’un budget initial de 270 millions de dollars, le projet comptait principalement sur la sélection de musées existants pour bonifier de nouveaux espaces et de nouveaux contenus visant à faire rayonner la culture et le patrimoine québécois. L’ambitieuse entreprise avait été accueillie à la fois avec enthousiasme et scepticisme, tant dans les médias que dans le secteur muséal, certains applaudissant l’idée d’un réseau de musées québécois, tandis que d’autres s’inquiétaient du fait que les coûts pourraient avoir une incidence sur le financement et les ressources des musées hors réseau. Finalement, au début du mois de mars dernier, le gouvernement provincial a annoncé qu’il abandonnait le projet. S’adressant au Montreal Gazette, le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe, a déclaré : « Compte tenu du contexte actuel des finances publiques, c’est la décision pragmatique et responsable à prendre. » Au moment de mettre sous presse, le développement de quatre des projets concernés devait se poursuivre dans un cadre autre que les Espaces bleus, notamment un projet d’installation d’un nouveau musée au Séminaire de Québec


Vol de la lanterne du Nouvel An lunaire d’un artiste autochtone à l’extérieur de la Vancouver Art Gallery

Nouvel An lunaire d’un artiste autochtone à l’extérieur de la Vancouver Art Gallery

L’espace vide laissé derrière après la lanterne de Richard Hunt, My Family III, était volé de la Vancouver Art Gallery. Photo – The Lantern City/Facebook.

L’événement annuel Lantern City de Vancouver a été entaché cette année par le vol d’une lanterne de l’artiste kwakwaka’wakw Richard Hunt. Huit lanternes de trois mètres de haut créées par des artistes aux origines culturelles variées étaient exposées tout au long du mois de février pour célébrer l’arrivée de l’Année du Dragon. Celle de Richard Hunt a été volée sur le parterre nord de la Vancouver Art Gallery, quelques jours seulement avant qu’elle ne soit retirée à la fin de l’événement. L’artiste récipiendaire de l’Ordre de la Colombie-Britannique et de l’Ordre du Canada, qui avait participé à l’événement de l’an dernier, a déclaré à CTV News : « J’en ai conçu une l’an dernier. J’aime l’idée de pouvoir voir son œuvre en format géant. En fait, je n’ai jamais pu voir celle de l’an dernier, et je suppose que je n’aurai pas l’occasion de voir celle de cette année non plus. » Dans la description de sa démarche artistique pour l’œuvre, représentant le serpent à deux têtes Sisiutl, Richard Hunt raconte : « L’homme et la femme de cèdre s’accrochent au Sisiutl. Le cèdre est notre arbre de vie. Tout ce que nous faisons, de nos berceaux à nos maisons, vient du cèdre. » Le vol a été signalé à la police, qui, au moment de mettre sous presse, n’avait pas encore retrouvé ni lanterne ni suspect.


Journée internationale des musées 2024 : Les musées pour l’éducation et la recherche

Le Conseil international des musées (ICOM) a annoncé que le thème de la Journée internationale des musées (JIM) de cette année est « Les musées pour l’éducation et la recherche ». Depuis 1992, la Journée internationale des musées se tient le 18 mai, ou vers cette date. Les thèmes visent à favoriser la discussion entre les professionnels des musées ainsi qu’entre les musées et le public, permettant de mieux faire connaître les sujets contemporains en muséologie. L’événement n’a cessé de prendre de l’ampleur au fil du temps. Dans l’édition de 2009, 20 000 musées participaient dans plus de 90 pays, tandis que la JIM 2023 a attiré la participation de plus de 37 000 musées dans 158 pays et territoires. Depuis 2020, l’événement vise à soutenir les différents Objectifs de développement durable des Nations Unies. Cette année, l’accent est mis sur l’objectif 4 : Éducation de qualité – « Obtenir une éducation de qualité est le fondement pour améliorer la vie des gens et le développement durable », et l’objectif 9 : Industrie, innovation et infrastructure – « Les investissements dans l’infrastructure sont essentiels pour parvenir au développement durable ». Selon l’ICOM, la JIM de cette année « souligne le rôle central des institutions culturelles dans l’offre d’une expérience éducative holistique. Cette journée valorise un monde plus conscient, durable et  inclusif ».


Questions sur la préservation et l’importance d’une épave au large Terre-Neuve

Le 20 janvier, un résident de Cape Ray (T.-N.-L.) a repéré une ombre dans l’eau au large de la côte sud-ouest de Terre-Neuve, suscitant la curiosité et l’enthousiasme de la population locale et internationale. Un reportage a d’ailleurs été publié dans The New York Times et diffusé sur la BBC. En quelques semaines, la province a envoyé des archéologues pour évaluer le site. Bien que l’épave n’ait pas été jugée « particulièrement importante ou unique », d’autres groupes comme la Shipwreck Preservation Society de Terre-Neuve-et-Labrador ont pris le mandat de l’étudier plus en profondeur et d’envisager des moyens de la préserver et de l’empêcher d’être aspirée vers la mer. Alors que les coûts évalués pour transformer la coque en site muséal seraient prohibitifs, au début du mois de mars, la plupart des débris de l’épave avaient échoué vers la rive, à la ligne de ressac de la plage. Ce déplacement représente un problème, car le ressac frappera l’épave au fil du temps, tandis que le bois du navire se fissurera et se fendra à mesure qu’il sèche après plus d’un siècle dans l’eau salée. Bien que le registre des épaves de Terre-Neuve contienne des données sur quelque 800 navires, dont environ 700 datent de la même époque que l’épave nouvellement découverte, de nombreux résidents de la région sont déterminés à étudier l’épave pour établir des liens entre elle et les familles de Cape Ray d’hier à aujourd’hui.


Le Musée du Manitoba sonne l’alarme à propos du manque d’espace d’entreposage

Items in storage at the Manitoba Museum.

Objets entreposés au Musée du Manitoba. Photo – Musée du Manitoba.

Le Musée du Manitoba a annoncé au début du mois de mars qu’il manquait d’espace pour entreposer et préserver adéquatement ses artéfacts. La collection du musée compte près de trois millions d’artéfacts, dont trois pour cent sont exposés en permanence. Parmi les objets de la collection, on retrouve des acquisitions achetées, mais aussi un grand nombre de dons cumulés au cours des 60 dernières années depuis sa fondation en 1965. Les objets entreposés se trouvent dans ce qu’on appelle l’espace de collection de ‘catégorie A’, dont la température et l’humidité sont régulées. À mesure que cet espace approche de sa capacité maximale, le musée doit faire preuve de discernement pour déterminer les nouveaux objets qu’il peut conserver. Seema Hollenberg, directrice de la recherche, des collections et des expositions du musée, s’est entretenue avec Muse et a déclaré : « Nous demeurons en discussions actives avec le gouvernement provincial et espérons qu’ensemble, nous pourrons trouver une solution pour agrandir l’entrepôt du musée afin qu’il dure encore au moins 50 ans. Nous avons levé notre moratoire temporaire sur la collection, et en tant que musée de collection, nous nous engageons à recevoir des dons de façon discrétionnaire. »

Items in storage at the Manitoba Museum.

Objets entreposés au Musée du Manitoba. Photo – Musée du Manitoba.


Des musées américains ferment des expositions présentant des biens et des vestiges autochtones

Les modifications apportées à la Loi sur la protection et le rapatriement des tombes des natifs américains (NAGPRA) aux États-Unis ont entraîné une série de changements rapides dans les musées du pays au cours des premiers mois de 2024. Ces révisions, entrées en vigueur le 12 janvier dernier, « clarifient et améliorent les processus systématiques de disposition ou de rapatriement des restes humains, des objets funéraires et sacrés ou des artéfacts du patrimoine culturel autochtone ». Les musées et les organismes fédéraux doivent maintenant consulter les descendants, les communautés autochtones et hawaïennes autochtones, et obtenir leur consentement avant d’exposer de tels objets ou d’en faire de la recherche. Les musées ont d’abord dissimulé une partie des expositions et des objets en janvier, puis ont fermé les expositions dans les semaines qui ont suivi. L’American Museum of Natural History de New York a fermé deux salles qui contiennent des objets comme une maison longue iroquoise et un modèle de canotage en écorce de bouleau menominee, informant le personnel que de nombreux artéfacts dans les salles nécessitent désormais le consentement de l’ancêtre et de la communauté avant de pouvoir être exposés à nouveau. Les changements apportés par l’État contrastent avec les pratiques canadiennes de rapatriement et de consentement, qui ne sont pas réglementées par une politique nationale. Dans une entrevue accordée à CBC News, Stephanie Danyluk, gestionnaire principale de l’engagement communautaire de l’Association des musées canadiens et coautrice du rapport Portés à l’action de l’AMC, a déclaré que le coût est l’un des principaux obstacles à la mise en œuvre d’une telle politique. Elle cite en exemple le rapatriement, en 2023, d’un totem nisga’a en provenance d’Écosse, dont le transport à lui seul a coûté environ 1 million de dollars, et pour lequel la Nation haïda a dû débourser 1 million de dollars supplémentaires de ses propres fonds pour assurer le retour de l’artéfact.

Publicité