La petite histoire du Ouimetoscope, premier cinéma permanent d’Amérique du Nord
Éventail publicitaire en papier du Ouimetoscope, vers 1907, Collection de l’Écomusée du fier monde.
Àl’aube du XXe siècle, la population du Centre-Sud ne pouvait anticiper qu’elle serait témoin de l’émergence du 7e art au Canada. Pourtant, c’est au cœur de ce quartier industriel de Montréal, où des familles ouvrières élisent domicile, qu’est inauguré le premier cinéma permanent d’Amérique du Nord.
Ayant pignon sur rue au 624 Sainte-Catherine Est, le Ouimetoscope se distingue des logements, des commerces, des tavernes, des usines et des théâtres qui composent le paysage urbain de ce grand axe montréalais. À son ouverture le 1er janvier 1906, le cinéma est aménagé dans la salle Poiré. L’année suivante, l’édifice est démoli au profit d’une construction mieux adaptée à la diffusion des vues animées et aux prestations de vaudeville. Luxueux, ce nouveau bâtiment peut accueillir 1200 spectateurs qui, selon la taille de leur bourse, assistent aux représentations en s’asseyant au balcon, au parterre ou bien encore, dans une loge. Fort populaires, les vues à l’affiche font salle comble, au grand bonheur du pionnier du cinéma Léo-Ernest-Ouimet (1877-1972).
Natif de Saint-Martin-de-Laval, Ouimet débute sa carrière dans le milieu cinématographique en 1903 comme projectionniste ambulant dans les parcs, les grands magasins et les salles paroissiales de Montréal. Passionné par le cinéma, Ouimet est une touche à tout œuvrant dans l’entreprenariat, l’ingénierie, la réalisation, la production et la distribution. Néanmoins, il demeure surtout reconnu pour son cinéma éponyme, dont il est propriétaire jusqu’en 1922. Au fil des ans, le cinéma change de mains à maintes reprises avant de fermer définitivement en 1993. En 2011 est annoncé un projet de construction de condominiums sur le terrain de l’ancien cinéma. Aujourd’hui, seule une plaque commémorative émise par la Cinémathèque marque l’emplacement du Ouimetoscope. Ternie par le passage du temps, celle-ci fait écho à la baisse du rideau sur cet âge glorieux du cinéma.
Camille Choinière est Responsable de l’éducation et de l’action citoyenne à l’Écomusée du fier monde, musée d’histoire industrielle et musée citoyen localisé dans le Centre-Sud de Montréal.
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